Graceland: un pari risqué
Les années 80 sont marqués en Afrique du Sud par l'apartheid, la séparation raciale reconnue par l'état des populations noirs, native, et blanche, descendants de colons hollandais. La situation y est alors extrêmement tendue, les actes de violences racistes se multiplient, une censure médiatique est imposés aux œuvres et journalistes contestataires, les opposants politiques tel que Nelson Mandela sont enfermés en prison.
Un jour, le chanteur compositeur Paul Simon tombe sur une cassette de township jive, sorte de rock des townships (bidonvilles sud-africain), qu'il écoute. Il tombe immédiatement amoureux de ces sonorités et se met à découvrir plus en profondeur cette musique. Il se met alors à composer, influencé par ces sonorités, ce qui deviendra plus tard l'album Graceland. Le projet prend de plus en plus d'importance, il décide alors de commencer l'enregistrement, et fait appel au groupe de chant Ladysmith Black Mambazo, ainsi qu’à des musiciens comme Ray Phiri à la guitare, Baghiti Khumalo à la basse et le batteur Isaac Mtshali, tous sud africains. L'album est enregistré en partie aux États Unis et l'autre en Afrique du Sud, à Johannesburg.
L'album, composé en anglais et en zoulou, est un mélange de sonorités riche et réussit. Les titres, gais et dansant, ne prennent part à aucune idéologie, traitent de sujet tel que l'amour ou la rencontre. Cependant Simon sera énormément critiqué suite à la sortie de cet album: en effet, lors de l’apartheid, la quasi totalité des artistes nord américains ont décidés d'exercer un boycott culturel en Afrique du Sud jusqu'à ce que le gouvernement se résigne a abandonner leur politique ségrégationniste, que Simon n'a pas respecté en allant enregistrer à Johannesburg. Il est alors considéré comme traitre parmi la communauté musicale, malgré le fait que le projet ai permis la découverte au grand publique de la musique sud africaine et les artistes locaux, sans donner raison au régime alors en place. Simon va même emmener en tournée avec lui la chanteuse Myriam Makeba et le musicien Hugh Masekela, tout les deux réfugiés politiques pour cause de leur action militante anti apartheid.
En plus de la totale réussite commerciale de l'album porté par le titre ''Call me Al'', Graceland gagna le Grammy en 1986 dans la catégorie ''meilleur album''. Cet album va marquer également les débuts d'un tout nouveau genre aujourd'hui très répandu: la world music.